la grande habitation
(tout le monde dehors)
exposition pour cinq chevaux dont deux seulement sont attentifs
Au carnaval des marguerites
nous plantions des perles lapis lazuli
L’herbe était bleue et mes doigts orange à cause des chips piquantes
Elles en avaient tué plus d’un
Les estomacs devenaient de plus en plus fragiles laissant apparaître une couronne d’herbes sèches sur le front des hommes coulants.
Les poissons argentés sont les gardiens du château bleu azur,
Les toits coloniaux n’existent plus
La zone est sableuse, encerclée de mousse végétale gorgée d’eau
La brume transpire sur mes yeux j’entend au loin le carnaval des idiots Riant de rien,
détruisant tout
Leurs cervelles s’envolent
comme des anges sans pesanteur.
Les poissons argentés,
les gardiens du château,
flânent comme des drapeaux soufflés d’un vent doux Les roses noires s’ouvrent au passage des âmes violettes
se ferment à l’odeur de la peste. Dans les vignes les perles poussent
fleurissent mûrissent
Les indigotiers deviennent lavandes et le soleil orange
Dans les vignes les perles poussent fleurissent
mûrissent
.
Le carnaval des idiots
Y a-t-il lieu...
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futur vidéo de teuf distenciation sociale + méditation guidéé
oui, tout à fait
plutôt oui
plutôt non
non, pas du tout
oui, complètement
oui, partiellement
plutôt non
non, pas du tout
tout à fait d’accord
plutôt d’accord
plutôt pas d’accord
pas du tout d’accord
le ciel
depuis mon dôme
derrière mon dôme
le ciel
ok ok ok
je vous entends
une tranche de lumière qui vient de l’espace
on ne sait pas vraiment ce que c’est en général
ça éclaire et tant mieux
On a renversé la bouteille d’huile sur le meuble de la salle de bain. C’est une bonne huile et elle a coûté cher.
On la bloque avec les mains et elle s’accumule un peu mais s’échappe quand même.
On cours en même temps chercher des seringues pour essayer de la récupérer mais l’huile est trop épaisse pour rentrer. On continue à essayer de faire barrage avec un avant bras + une main et ça ralentit un peu.
On récupère un peu l’huile avec une seringue plus grosse mais quand on la met dans sa bouteille on peut voir qu’elle n’est plus la même.
Il y a des petites particules en plus et on ne sait pas si elles viennent de la seringue ou de la salle de bain ou des avant-bras. On ose plus mettre l’huile de la bouteille sur la peau à cause des particules.
Il y a plein d’huile encore sur les avant bras et les mains et on l’étale sur le reste des corps car il n’y a rien d’autre à faire.
Une autre fois je verse l’huile sur le sol et elle reste en flaque. J’aimerai qu’elle fasse une arborescence alors je l’aide un peu.
Par des chemins
Un cri lancinant, un pleur de sirène qui s’était d’abord mêlé à mes rêves m’avait tirée de mon sommeil. Seul un être particulièrement troublé pouvait être capable d’émettre un tel son. C’était le premier. Un autre avait suivi, puis un troisième, et l’air était maintenant empli, tendu, gonflé par cette clameur qui montait de toutes parts.
Je n’avais pas tout de suite compris où j’étais. Depuis la minuscule banquette sur laquelle j’avais semble-t-il dormi, accolée au mur, je n’avais vue que sur les portes d’un placard lui faisant face. Si je tournais la tête vers la droite, mon regard rencontrait immédiatement les pieds d’une grande table en bois massif, longue, rectangulaire, entourée d’un banc et de plusieurs chaises et tabourets disparates. Un aplat d’ombres à cette heure-ci, entrecoupé de petits morceaux de ciel moite.
Un pilier de bois se dressait au milieu de cet espace étranger. Il me semblait que chaque forme sur laquelle mes yeux se posaient était tirée depuis cette section carrée qui poussait du sol au plafond bas ; que tout gravitait autour de ce point dont tout avait émergé.
Au dessus de moi, une petite ouverture me donnerait une idée plus précise du monde dans lequel j’étais née ce matin là, mais mon corps refusait encore de se hisser jusqu’à elle. Elle dégueulait les rais d’une lumière sans soleil. Comprenant que je ne retrouverais mes esprits que bien plus tard, j’y renonçai pour le moment et retombais dans des pensées floues.
Un élan de courage en forme de spasme ; je me levai. Je compris sur quel ciel se découpaient les ombres entremêlées du cortège de pieds de bois que j’avais vus plus tôt, depuis mon lit.
Je parcourus les trois ou quatre pas qui me séparaient d’une grande baie, de deux grandes baies. J’en fis difficilement coulisser une. L’air du dedans et l’air du dehors se pénétraient l’un l’autre. En posant un pied sur le balcon de bois, percé par endroits de longs trous pointus, je sentis pour la première fois l’humidité particulière, l’odeur et le souffle d’un océan que je ne connaissais pas. Il s’étendait devant moi, lui même noyé par la brume épaisse qui empêchait, pour le moment, de distinguer l’horizon. Lui et le ciel n’avaient pas encore repris leur place respective, et ce a quoi j’assistais maintenant était un spectacle interdit. Une étreinte moite que chacun prétendait ne pas voir, dont chacun faisait mine d’ignorer l’odeur, et que seule la complainte aiguë qui m’avait éveillée semblait célébrer.
Elle n’avait pas cessé et s’intensifiait encore. Elle ne provenait pas réellement de l’océan. Elle montait en face d’en bas, derrière moi d’en haut. Les mille voix dissonantes s’accordaient parfois pour un instant. Mais cette harmonie ne convenait pas à l’être qui les émettait, ses voix se désaccordaient aussitôt. Devant moi, sur les toits de tôle, ignorant le monde, des chats se déplaçaient sans se presser, chez eux, maîtres de petits carrés de métal ondulé. Étais-je vraiment la seule à avoir le ventre percé par ces pleurs ?
Il faisait tout à fait jour désormais. Pourtant, de là où j’étais, aucun humain, aucune personne n’apparaissait. Seules, sur l’étendue immense et floue qui me faisait face, des formes massives et plates se déplaçaient en fumant.
Je n’osais bouger que par petits pas pointus car le balcon sur lequel je me tenais était menaçant. Un garde corps, quelques planches de bois disposées en quinconces et tenues par des clous tordus, était emballé ou emmailloté dans une bâche de plastique translucide. Elle remuait, ondulait, claquait, comme pour signifier qu’elle était elle aussi témoin de l’étreinte humide qui s’accomplissait loin devant.
Les pleurs se faisaient moins compacts, moins unis. La voix se divisait en une multiplicité de sons que séparaient des silences de plus en plus longs. Ciel et océan se séparaient doucement. Je commençais à comprendre que ce que j’avais d’abord pris pour un ensemble de formes grises étaient en fait de petites habitations dont les couleurs apparaissaient peu à peu. Dressées les unes sur les épaules des autres, hissées sur de longs pilotis de bois, elles abritaient certainement les vies que je cherchais du regard depuis tout à l’heure ; mais qui l’aurait parié ? Rien ne permettait de l’affirmer avec certitude.
Je fis volte-face, tournant le dos à ce que j’avais pourtant contemplé un long moment. Je ne pouvais plus rester là. J’enjambai à nouveau le seuil de la baie coulissante pour entrer dans l’unique pièce de la maison. Ses murs, des plaques de bois rectangulaires dont les couleurs avaient dû être très vives étaient désormais d’un bleu, d’un jaune ou d’un vert passés. Jointes bords à bords, elles avaient dû coexister dans l’indifférence la plus totale, mais semblaient maintenant avoir trouvé une certaine entente. Je compris que c’est ici que j’allais passer les mois à venir. Mon corps déjà gravitait autour du pilier central sans que je m’en sois vraiment rendu compte. Au prix d’un certain effort, je sortis de cette orbite et repris place dans le lit étroit d’où j’avais pour la première fois contemplé cet endroit.
Je laissai à nouveau circuler un regard un peu fiévreux. Sur une petite étagère fixée au mur que je ne pouvais distinguer qu’en partie étaient rangés quelques tasses, trois verres et un pot de sucre. Immobiles et sages comme les quelques autres objets semblaient l’être, ils n’inspiraient aucune frayeur. Je les caressais comme chaque centimètre carré que je pouvais atteindre du regard. Fatigués, mes yeux cherchaient à mesurer chaque surface, chaque couleur, chaque objet utile ou l’ayant été. Retrouvant presque le sommeil, je fus prise d’un sentiment étrange lorsqu’ils se mirent à osciller et vibrer, à s’entrechoquer doucement. D’eux montait une clameur chancelante, timide.
La terre tremblait, c’était le matin. On entendait le chant des chiens.
cette table de la cuisine
Détruire, faire de la place, nettoyer, réchauffer
Détruire, faire de la place, nettoyer, réchauffer
black box
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annexe
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Le kit du déconfiné
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